Rentrée scolaire : ce que les parents veulent pour l'École !

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Posté par : SOS Éducation - M 5 septembre 2023 Un commentaire

Chère amie, Cher ami,

Quel regard les parents portent-ils sur notre système éducatif ?

Toutes les réponses sont dans l’édition 2023 de notre baromètre IFOP / SOS Éducation, qui vient de sortir !

À l’occasion de la rentrée scolaire, je vous transmets ci-dessous ces résultats éclairants.

N’ayons pas peur des mots, ils viennent sanctionner durement 6 ans de présidence d’Emmanuel Macron !

Les parents ont exprimé leur avis, qui rejoint celui des professeurs et des citoyens français dans leur ensemble :

Il est urgent de restaurer une École qui instruit, et qui garantit la sécurité de ses élèves et ses professeurs !

Un jugement sévère sur l’action du gouvernement et du ministère de l’Éducation nationale

1- Le nouveau ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal amorce son mandat avec une cote de popularité pour le moins limitée

43 % des parents d’élèves ont une bonne opinion de lui, soit une proportion similaire à celle observée pour son prédécesseur, Jean-Michel Blanquer, à la rentrée 2019 (43 %).

L’ancien porte-parole du gouvernement fait néanmoins mieux quelques jours après sa nomination que Pap Ndiaye, dont la popularité mesurée à la fin de son mandat était tombée à 32 % à peine.

À noter que l’impopularité du nouveau ministre – située en moyenne à 57 % – est particulièrement forte dans les milieux populaires (ouvriers, non diplômés…) et chez les personnes situées aux deux extrêmes de l’échiquier politique (70 % chez les sympathisants LFI, 69 % chez les sympathisants RN).

2- Il est vrai que la popularité du nouveau ministre est plombée par la défiance structurelle des parents d’élèves à l’égard de la capacité de l’institution scolaire à résoudre les grands problèmes de l’école…

En effet, environ deux tiers des parents d’élèves interrogés n’ont toujours pas confiance dans la capacité de la rue de Grenelle à résoudre :

  • les violences à l’école (69 %, -1 point depuis 2021)
  • la détérioration du niveau des élèves (68 %, -1)
  • les inégalités des chances en fonction de leurs origines sociales (63 %, -1).

Alors même que l’école est mise en avant comme une des priorités du gouvernement, la défiance à l’égard du ministère dans sa capacité à améliorer la situation reste donc massive, signe que les fruits de l’action publique ne sont pas perceptibles par les parents.

3- … Mais aussi parce que le gouvernement n’entreprend pas des réformes massivement soutenues par les parents d’élèves, notamment en matière d’autorité et d’évaluation

Si en reportant l’ensemble des épreuves du baccalauréat en juin, Gabriel Attal est déjà revenu sur une partie de la réforme du lycée de 2018, les parents souhaitent que le nouveau ministre aille encore plus loin dans le détricotage du BAC à la « Blanquer ».

Les deux tiers des parents interrogés (67 %) réclament ainsi un retour à « un baccalauréat dont l’obtention serait basée sur les résultats à un examen national et non sur ceux obtenus au contrôle continu », sachant que leur proportion est encore plus forte dans les rangs des électeurs macronistes (72 %).

Cela confirme l’échec de la réforme Blanquer, déjà sanctionnée par le report des épreuves de spécialité de mars à juin.

D’autres réformes de fond relatives à l’évaluation des connaissances et à la sélection des élèves recueillent un assentiment encore plus massif des parents d’élèves, telles que :

  • le rétablissement du redoublement à partir du collège – soutenu par 93 % des parents interrogés
  • l’instauration d’un examen afin de valider les savoirs fondamentaux nécessaires au passage au collège (approuvé à 89 %).

D’autre part, les parents appellent à des réformes en matière d’autorité, telles que :

  • le rétablissement des sanctions prévues par le règlement intérieur envers les élèves perturbateurs (à 96 %) ;
  • la responsabilisation financière des parents en cas de dégradation ou d’agression commise par leur enfant (à 92 %) ;
  • le retour d’un indicateur public de mesure de la violence scolaire dans chaque établissement (à 90 %).

La priorisation de l’éducation à la sexualité annoncée par son prédécesseur est, elle, majoritairement rejetée

Si l’éducation à la sexualité dès l’âge de 6 ans avait été érigée en priorité par Pap Ndiaye, les parents la rejettent massivement : 68 % y sont opposés, et ce quel que soit le niveau de scolarisation de leur enfant (70 % si en primaire, 68 % au collège, tout comme au lycée).

Les partisans situés à droite de l’échiquier politique s’y opposent plus (69 % des proches des Républicains et 81 % de ceux du Rassemblement national) par rapport à ceux de gauche (47 % de rejet pour les proches de La France Insoumise, 54 % pour ceux d’Europe Ecologie Les Verts).

Un sentiment général de dégradation de l’école

4- Quel que soit le niveau testé, la montée de l’insatisfaction des parents à l’égard de l’enseignement en France s’amplifie d’année en année…

C’est pour le secondaire que le degré de satisfaction des parents chute le plus fortement, et ceci qu’il s’agisse du collège (52 %, soit une baisse de 15 points depuis 2019) ou du lycée (55 %, soit une baisse de 13 points depuis 2021).

La montée de l’insatisfaction à l’égard du niveau d’enseignement dans le second cycle du secondaire étant sans doute accentuée par la réforme contestée lancée en 2018.

Mais le niveau d’enseignement dans l’école primaire, historiquement jugé plutôt satisfaisant, est également de plus en plus critiqué si l’on en juge par la baisse continue du nombre de parents satisfaits (-12 points en 4 ans) : 69 % en 2023, contre 74 % en 2021 et 81 % en 2019.

Ces symptômes supplémentaires indiquent que les parents sont de moins en moins contents de l’école et de son fonctionnement. Le ministère ne parvient pas à inverser la tendance. 

La perception négative des parents d’élèves sur le système scolaire français, quel que soit le niveau d’enseignement, continue de s’aggraver.

5- … Tout comme le constat que « le niveau des élèves baisse »

Au-delà du niveau d’enseignement dispensé par les enseignants, c’est le niveau même des élèves qui se détériore pour une proportion croissante de parents : 70 % d’entre eux trouvent que le niveau des élèves en France s’est dégradé depuis une dizaine d’années.

Soit une proportion record si on la compare à la première vague du baromètre (63 % en 2019) mais aussi à une enquête plus ancienne faite en 2005 auprès de l’ensemble des Français (57 %) !

Et ce sentiment de dégradation est de plus en plus ferme si l’on en juge par le quasi doublement du nombre de parents estimant que le niveau des élèves s’est « beaucoup dégradé » : 31 % en 2023, contre 17 % en 2005.

Dans le détail des résultats, il est aussi intéressant de relever que ce sont les parents les plus au fait du système éducatif qui ressentent le plus cette dégradation, à savoir les cadres (83 %) et les diplômés du supérieur (84 %).

6- … Et le sentiment d’une dégradation des conditions de scolarité des élèves, notamment en matière de sécurité

Dans ce domaine, on observe auprès des parents d’élèves un quasi-consensus sur la perception :

  • d’une dégradation du respect de l’autorité des enseignants (86 %),
  • de l’investissement des élèves dans le travail scolaire (81 %, +3 points en deux ans)
  • de la qualité des enseignements dispensés par les professeurs (71 %, +16 points depuis 2014).

Mais il est aussi important de souligner la hausse continue du sentiment de détérioration du niveau de sécurité dans les établissements scolaires : 72 % des parents considèrent que le niveau de sécurité s’est dégradé, contre 61 % en 2014 (+11 points en 9 ans).

La détérioration globale qui se dessine tout au long de l’enquête se confirme donc dans le détail, avec des éléments en forte détérioration, et une situation qui semble empirer de façon exponentielle sur certains indicateurs.

7- Il est vrai qu’une grande part des parents rapportent que leurs enfants ont fait l’objet d’agressions dans leur établissement au cours de la dernière année scolaire

Mesurés pour la première fois, les faits répréhensibles commis à l’encontre des enfants au cours de l’année scolaire écoulée sont malheureusement très nombreux.

En effet, près d’un parent sur deux (48 %) rapporte qu’au moins un de ses enfants a été victime d’une forme d’agression physique, verbale ou sexuelle au cours de l’année scolaire 2022-2023.

C’est dans les rangs des parents d’élèves en réseau d’éducation prioritaire (68 %) que la proportion de parents ayant eu un enfant victime d’au moins un fait de violence est la plus élevée.

Dans le détail, ces faits peuvent concerner :

  • une agression verbale (37 % en moyenne, 63 % en REP),
  • du harcèlement moral (32 % en moyenne, 56 % en REP),
  • une agression physique (25 % en moyenne, 51 % en REP),
  • une dégradation des biens (25 %, 57 % en REP).

Si Gabriel Attal a déjà pris des décrets pour durcir les sanctions contre les harceleurs, il est intéressant de noter que la proportion de parents d’élèves qui rapportent que leur enfant a été l’objet d’un acte de harcèlement moral durant l’année scolaire 2022-2023 atteint un niveau encore plus préoccupant chez les parents d’enfants scolarisés en REP (56 %).

Par ailleurs, seulement 13 % des parents estiment que l’administration a bien géré cette situation de harcèlement moral, ce qui est un ratio similaire à celui que l’on observe pour les agressions verbales ou physiques.

Enfin, une proportion significative (15 %) de parents d’élèves révèlent que leur enfant a été victime au cours de l’année scolaire 2022-2023 d’une agression sexuelle (49 % de ceux dont l’enfant est en REP l’affirment).

Sachant que ce sont les faits dont ils ont connaissance : il est donc fort probable que les taux réels soient supérieurs.

Des établissements choisis notamment en fonction du degré de suivi des élèves et de leur niveau de sécurité

8- Suivi des élèves et sécurité sont les principaux critères de choix de l’établissement de scolarisation

Les parents d’élèves ont été amenés à donner les raisons déterminantes qui constituent (ou constitueraient) le choix de l’établissement de leur enfant.

Les 3 premiers éléments cités comme « déterminants » sont :

  1. le suivi des élèves (69 %),
  2. le niveau de sécurité dans l’établissement (66 %)
  3. les valeurs portées par l’équipe pédagogique (61 %)

Globalement, les critères affichent des taux proches quelle que soit la proximité partisane, signe que les raisons dépassent les clivages politiques qui peuvent ressortir sur d’autres questions de cette enquête.

Le niveau de mixité ethnique, sociale et culturelle, est (de loin) le critère le moins souvent mis en avant comme « déterminant » pour le choix de l’établissement : il l’est pour seulement 29 % des parents.

9- Le type d’établissement fréquenté est celui où les chances de réussite estimées sont les plus grandes

Dans une certaine logique, qui se perpétue au fil des baromètres, les parents d’élèves estiment que c’est dans le type d’établissement où sont scolarisés leurs enfants qu’ils ont le plus de chance de réussir (notamment pour ceux dont l’enfant est dans le privé), et ce dans des proportions parfaitement stables.

67 % de ceux dont l’enfant est dans un établissement public jugent que c’est là où il a le plus de chances.

87 % de ceux dont l’enfant est dans un établissement privé sous contrat jugent que les chances de réussite sont plus fortes dans ce type d’établissement.

Enfin, 74 % des parents d’élèves dont l’enfant est dans le privé hors contrat considèrent que c’est là qu’il y a le plus de chances de réussir.

Retrouvez la synthèse de ce baromètre, avec les chiffres clés et les points de vue de l’IFOP et de SOS Éducation, en cliquant sur l’aperçu ci-dessous :

Je vous laisse découvrir ces résultats et me faire part de vos remarques ou réflexions en commentant simplement au bas de cet article.

Vous pouvez aussi accéder aux résultats complets en suivant ce lien.

Priorité à l’éducation !

signature sophie auduge

Sophie Audugé,
Déléguée Générale de SOS Éducation

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Un commentaire

  • GALLART Dominique

    Bonjour à vous.
    Les problèmes de l’école sont si importants qu’il convient de partir des bases. Si les hussards noirs ont réussi, c’est parce que leur image sociale était valorisée, avec un bon salaire ( directrice d’école maternelle avec le bac en 1960 environ et capitaine gagnaient la même somme. Comparez avec aujourd’hui: 1500euros contre 3000 environ sans les primes. Or, l’argent est un élément primordial, même si on peut le regretter, de l’image d’un métier. Et dans la fonction publique, l’importance que l’État- patron accorde à telle fonction. Une comparaison des salaire dans la fonction publique ( les 3 fonctions )n et des primes expliquent à l’évidence les problèmes de recrutement dans l’E N et dans l’hôpital, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
    Sans parler de la perte du pouvoir d’achat ( 800 euros mensuels depuis 20 ans environ, selon un rapport récent du Sénat) Un juste rattrapage pourrait redorer le blason de ce métier. ( D’autres secteurs de la Fonction publique n’ont pas connu cette érosion et même ont été augmenté. Petit jeu: découvrez lesquels.)
    Peu payés, donc peu de candidats, dont beaucoup n’ont pas le niveau requis pour le Capes – qui permet d’enseigner à bac+2. Si les connaissances sont insuffisantes, il est difficile de se faire respecter. Et si en plus, on fait partie des travailleurs pauvres, tout est perdu.
    Le Capes demande un niveau bac+5, comme le concours de commissaire de police ( début de carrière à 3500 euros sans les primes; un certifié n’atteint pas ce niveau en FIN de carrière), ou inspecteur des impôts. A quand un job dating pour ces deux dernières professions? bac + 5 à 1800 euros mensuels? Globalement, ne viennent que ceux qui ne peuvent faire autrement.
    A cela s’ajoutent – donc vient après- les désastreuses théories de M Meirieu et consorts, conduisant au désastre que l’on connaît au plan des savoirs, puis le retrait progressif mais régulier de tous les moyens permettant à l’enseignant d’asseoir son autorité: le pas de vague surfe sur tous les établissements. Donc, on est prié de se taire.
    Pas d’autorité, peu de réels enseignants, plus rarement encore motivés, des méthodes catastrophiques à tous les niveaux, de l’apprentissage de la lecture à l’enseignement de l’histoire et de la grammaire, des jeunes enseignants( moins de 40 ans environ) formatés sans que cela soit de leur faute, et incapables de se remettre en cause et de remettre en question les demandes de l’E.N., d’où un suivisme coupable. Comment ne pas dégoûter les rares qui ont la foi?
    Conclusion: n’importe qui peut se retrouver devant une classe. Mais un adulte n’est pas un professeur, et actuellement, le ministre tente de mettre un adulte dans chaque classe, et parmi eux se trouvent quelques professeurs.
    Donc recrutons de vrais enseignants avec un vrai niveau et un vrai salaire, comme ont fait les Anglais dans les années 1985/90, ce qui leur a permis de résoudre une grande partie des problèmes.
    L’autorité viendra si l’on envie de nouveau les professeurs, le respect aussi.
    Pour le reste disons qu’écrire dans les règlements intérieurs que le corps doit être couvert des épaules aux genoux (évitons les croqs-tops qui exhibent le nombril des jeunes filles, avec des vêtements non-religieux, notion à préciser) et couvre-chefs interdits.

    Remettons l’église laïque au centre du village avec des officiants compétents et reconnus professionnellement et économiquement par l’Etat et donc la société.
    Le reste devrait suivre facilement.

    Bien à vous,

    D Gallart