Réouverture des écoles : synthèse complète de notre consultation !

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Posté par : SOS Éducation - J 30 avril 2020 Aucun commentaire

Chère amie, Cher ami,

Lors de notre grande consultation diffusée du 17 au 23 avril, sur la question de la réouverture des écoles le 11 mai, vous avez été 22 500 à participer au vote, plus de 10 000 à nous préciser si vous répondiez en qualité d’enseignant, parent, enseignant retraité ou grand-parent, et près de 4 000 à prendre le temps de nous expliquer par écrit votre choix.

L’ensemble des vos commentaires témoigne de votre pragmatisme, de votre bon sens, de votre connaissance du terrain et de votre détermination à agir pour le bien de vos enfants et de vos élèves. Cela en parfaite conscience de la nécessité impérieuse qui s’impose désormais à nous : apprendre à vivre avec le virus.

Il nous a fallu quelques jours pour lire chacun de vos commentaires et en extraire les arguments qui se dégageaient de vos choix respectifs, afin de structurer une synthèse collective qui soit la plus fidèle possible à vos contributions individuelles.

Nous avons identifié et comptabilisé les arguments les plus fréquemment mis en avant par les votants Pour la réouverture des écoles, puis nous avons fait de même pour les votants Contre, ainsi que pour les votants Ni pour ni contre.

LE CHOIX DES ENSEIGNANTS
concernant la réouverture le 11 mai

Les arguments avancés
par les enseignants qui sont « Pour »

Extraits de commentaires laissés par les enseignants qui sont « Pour » :

Institutrice en CP, il est nécessaire de retrouver les élèves pour finaliser l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, et d’évaluer leur niveau avant le passage en CE1.

Recréer du lien avec des enfants que l’on a perdus dans la nature. Reprendre un programme et des habitudes de travail. Redonner un semblant de vie sociale.

Je pense qu’il faut reprendre pour que les parents puissent reprendre le travail donc pour l’économie du pays et pour le moral des troupes mais je ne suis pas médecin !

L’enseignement à distance n’est pas inefficace, mais il est épuisant pour tout le monde, austère, démoralisant.

Il faut qu’élèves et professeurs se retrouvent au plus vite pour renouer avec cette dynamique de rapports humains directs. En outre, certains travaux sont impossibles en ligne. Enfin, les bons élèves suivent à peu près à distance, mais les plus fragiles craquent, intellectuellement et psychologiquement.

Dans les régions presque indemnes, on pourrait reprendre assez vite dans des conditions quasi normales.

Entre des exigences égales, celles de la santé et celles de la vie économique et sociale, il faudra au plus vite trouver un équilibre, avant d’avoir 20 millions de chômeurs.

Les enfants ont besoin de l’école pour apprendre dans de bonnes conditions, pour grandir avec leurs camarades.

Les élèves ont besoin de reprendre véritablement et le métier requiert le présentiel. Ras-le-bol d’être devant un écran. Vivement le 11 mai !

Idéalement, il faudrait que les collégiens et lycéens n’aient pas à changer de classe à chaque cours.

Les arguments avancés
par les enseignants qui sont « Contre »

Extraits de commentaires laissés par les enseignants qui sont « Contre » :

Bien sûr, il faut reprendre un jour mais les écoles ne seront jamais prêtes en 1 mois.

Personnellement, je n’ai pas répondu non en tant que prof mais aussi et surtout en tant que maman d’une enfant ayant des problèmes respiratoires sérieux et qui n’a pas l’autorisation de reprendre. Sa pneumopédiatre juge la reprise dangereuse et prématurée.

Mon enfant est atteint d’une maladie rare, son pédiatre m’a conseillé de maintenir le confinement pour lui. J’ai aussi deux autres enfants. Je ne souhaite pas reprendre le chemin de l’école pour mettre mon enfant en danger. Si je reste chez moi, j’ai peur de ne pas être titularisée. J’attends donc les annonces avec angoisse.

Pas envie de risquer ma vie pour un mois de scolarité, en fin de carrière, ou d’avoir besoin d’une rééducation pendant des semaines.

Pourquoi alors faire reprendre en priorité les enfants scolarisés en maternelle, pendant que les lycéens et étudiants, qui sont pourtant aptes à respecter les consignes et gestes barrières seraient encore confinés ?

Lors des séances d’habillage et de déshabillage, des passages aux toilettes, des lavages des mains, etc… les enfants sont la plupart du temps regroupés, et nous avons une promiscuité évidente. Les faire passer un par un me semble impossible car les autres devraient attendre en respectant la distance d’un mètre.

Je sais déjà par mes collègues qui ont assuré l’accueil des enfants de soignants que la distanciation était impossible.

J’ai attrapé le Covid quelques jours après avoir été volontaire pour garder 6 enfants de soignants (qui n’avaient ni gants, ni masques, et qui évidemment ne respectaient pas les gestes barrières, c’est impossible).

Dans ces toilettes qui font 10 m², il y a 8 toilettes, 2 urinoirs et un grand lavabo rectangle avec deux robinets. Depuis décembre, nous n’avons plus de savon ni de papier !

Quid des sanctions pour les élèves ne respectant pas les gestes barrières ?

[…] nous avons essayé de voir quels professeurs étaient à risques, ne serait-ce qu’en mathématiques, la quasi totalité des profs de maths sont à risques plus ou moins élevés : obésité, maladies chroniques (diabète…).

Il est question de volontariat mais concrètement, comment organiser ce volontariat ?

Comment choisir les élèves qui bénéficieront du présentiel ?

Comment gérer la classe en présentiel et à distance ?

Devrai-je continuer d’assurer la classe à distance pour les élèves qui ne viendraient pas à l’école ?

Que fait-on de nos propres enfants scolarisés dans d’autres établissements qui ne reprendront pas forcément en même temps que nous ?

Je comprends pleinement l’attention portée aux enfants en difficulté (il est normal de prendre soin de ces enfants), mais je ne suis pas certaine qu’il faille que tous les enfants reprennent. J’assure la continuité pédagogique pour ma classe, de nombreux enfants s’en sortent bien chez eux. Je leur envoie des vidéos (je me filme), je récupère certains de leurs travaux. Certes c’est moins bien que la classe, mais ils progressent quand même. Le besoin de reprendre le 11 mai est pressant pour les enfants en difficulté, mais pas nécessairement pour tous les enfants.

On insiste pour accueillir les élèves les plus en difficultés. Les autres pourront continuer par le télétravail. On sait très bien que les élèves en difficultés sont les plus absentéistes. Il n’y aura pas grand monde à accueillir. D’un côté les enseignants feront de la garderie dans l’établissement et, « en même temps », ils devront assurer les classes virtuelles.

J’ai le sentiment, en tant qu’enseignante, d’être prise pour une garderie afin que « les autres » puissent retourner au travail.

Désinfecter les écoles avant la rentrée est bien joli : je pense que le virus ne survit pas à deux mois de fermeture. En revanche, il faudrait désinfecter les classes chaque soir après le passage des élèves, car là du jour au lendemain, il semble évident que le virus survit après chaque passage d’élèves !!!!

Je suis enseignante, j’ai été atteinte par le coronavirus et j’ai contaminé plusieurs de mes collègues avant la fermeture des écoles.

Quelles mesures devrons-nous prendre si un enfant tombe malade après cette « rentrée » du 11 mai ? Les parents ne risquent-ils pas de nous rendre responsables de la contamination de leur enfant ? Qui sera responsable si un enfant tombe malade du COVID avec complications ?

Quelle attitude devra-t-on avoir si un enfant arrive malade à l’école ? Nous n’avons pas la formation ni le matériel médical pour évaluer si cet enfant sera porteur du virus…

Tout le monde est fatigué et doit gérer plusieurs casquettes à la fois… il serait préférable de donner des outils numériques fiables pour des cours et des évaluations de compétences.

En ce qui concerne le travail qui sera fait à cette date, en classe, je suis dubitative.

Personnellement, je ne pense pas que cette épidémie justifie de paralyser tout un pays, mais les pouvoirs publics doivent être cohérents : si on estime dangereux d’aller au restaurant, aux spectacles, etc. rouvrir les écoles est absurde.

Les arguments avancés
par les enseignants qui sont « ni pour ni contre »

Extraits de commentaires laissés par les enseignants qui ne sont « ni pour ni contre » :

Il semble que toutes les conditions sanitaires ne puissent pas être réunies. Du coup, l’école pourrait d’ici la fin juin continuer comme une garderie améliorée pour les enfants des personnes ne pouvant pas faire autrement, mais pour moi ne pas aller au-delà à moins de relancer dramatiquement l’épidémie.

Dans ces conditions, avec un nombre restreint d’enfants, il devrait être possible d’assurer la sécurité de tous, tout en permettant le redémarrage de l’activité économique du pays. En tant qu’enseignant, je répondrai présent à l’encadrement. En tant que parent, mon fils restera à la maison.

LE CHOIX DES PARENTS
concernant la réouverture le 11 mai

Les arguments avancés
par les parents qui sont « Pour »

Extraits de commentaires laissés par les parents qui sont « Pour » :

Je suis favorable à une réouverture progressive, en vérifiant sur une zone test que l’épidémie ne repart pas trop fort.

À partir du moment où les hôpitaux seront de nouveau en capacité d’accueillir de nouveaux malades il faut sortir de ce confinement.

Trop d’enfants ont déjà décroché par manque d’outillage informatique et/ou subissent des violences familiales : on ne peut pas attendre la rentrée de septembre pour constater les dégâts.

Il faut laisser chaque commune s’organiser comme elle l’entend, car les situations locales ne sont pas toutes les mêmes et ne peuvent être décidées de la même façon sur tout le territoire.

Les enfants sont peu atteints ou pas symptomatiques à l’infection par le Covid-19. Dans le même temps, ils doivent continuer à apprendre, ils sont l’avenir de notre pays et il ne faut pas perdre de temps, encore plus en ce moment.

Je me fais du souci quant aux conditions dans lesquelles ils reprendront les cours et me doute que ce doit être un sacré casse-tête pour les directions d’établissements.

Je travaille dans un grand institut de recherche, et je sais que la recherche avance dans ce domaine, je lui fais confiance, nous trouverons les solutions comme il en a toujours été le cas pour toutes les épidémies qui font partie de notre vie. Il n’y a pas de Vie sans risque !

La vie doit continuer autant que possible malgré les circonstances. Nous ne pouvons pas sacrifier l’éducation de nos enfants, en plus de l’économie. il faut pour cela qu’ils recouvrent au moins une éducation scolaire décente.

La France n’est pas bien préparée à l’enseignement à distance, aussi, ne pas reprendre avant les vacances d’été me paraît beaucoup trop long.

L’enseignement professionnel est également un secteur qui devrait faire l’objet d’un suivi plus particulier.

Que le gouvernement autorise au plus vite la possibilité d’ouverture des écoles privées par le biais d’une demande individuelle en préfecture et auprès de l’inspection académique et des mairies. Chaque école qui le souhaite, après avis pris auprès des parents, demande sa réouverture et les instances officielles acceptent cette demande.

Les arguments avancés
par les parents qui sont « Contre »

Extraits de commentaires laissés par les parents qui sont « Contre » :

Trop de centralisme en France, avec de plus aux commandes des dirigeants pour le moins confus face à la catastrophe. Il faut pourtant trouver une solution pour les enfants et familles en grande détresse dans des logements exigus et/ou en proie à la violence intrafamiliale.

Trop de risques ! Mes enfants sont dans des classes de 36 élèves dans un établissement de 2 600 personnes !

Outre que notre école est déjà particulièrement connue pour son incapacité à faire respecter, déjà, la discipline de base que respectent les élèves d’autres pays. Demain, elle y parviendra, comme par magie ?

Je suis également enseignante au collège et je sais que les décrocheurs n’étaient pas vraiment accrochés avant le confinement : on ne récupère pas un élève que l’on a jamais eu !

Comme nous l’avons vu lors de cette période, la meilleure manière de faire appliquer les règles, ce sont les sanctions. Revenir pour passer le temps à sanctionner, est-ce la meilleure solution ?

L’excuse du décrochage est une grande fumisterie, pendant presque 6 mois les décrocheurs ont toujours été là et tout d’un coup, on prend conscience qu’il faut les aider ?! On ne laisse personne sur le bas-côté, alors qu’on les pousse vers la falaise d’année en année

Le conseil de l’ordre des médecins a émis un avis défavorable et je fais davantage confiance à la communauté médicale qu’au gouvernement. Pour les enfants, c’est véritablement très anxiogène de penser qu’ils vont peut-être contracter le virus, le ramener à la maison, contaminer leurs parents, peut-être causer leur décès… Comment peut-on leur imposer une telle pression psychologique, comment peut-on leur faire endosser une telle responsabilité ?

Mon fils bénéficie d’un Assistant de Vie Scolaire car il est dys. Comment son AVS pourra-t-il l’aider à 1,5 m de distance ?

Lycéen asthmatique en terminale… Avis médical défavorable… Si reprise des cours comment sera t-il-évalué par rapport au reste de la classe ?

Les bus seront-ils désinfectés à chaque montée d’un élève qui va poser ses mains en se dirigeant vers son siège ? La semaine avant le confinement, les toilettes du collège étaient fermées en journée et quand elles étaient ouvertes, il n’y avait pas de savon !!

Il n’est toujours pas prouvé à l’heure actuelle qu’un enfant ne peut être porteur sans développer de complications…

Les arguments avancés
par les parents qui sont « ni pour ni contre »

Extraits de commentaires laissés par les parents qui ne sont « ni pour ni contre » :

L’enseignement est meilleur à l’école qu’à la maison, les enfants ont besoin de lien social.

Certaines régions de France sont actuellement peu touchées par rapport à d’autres et maintenir tout le monde confiné pendant des mois risque de ne pas servir à grand chose, si trop peu de personnes sont immunisées.

Je pense qu’il faudrait envisager un déconfinement géré localement et au cas par cas.

Je suis en réalité partagée sur la question de la reprise de l’école pour mes enfants, avec d’un côté, mon envie de reprendre un rythme de vie « normal » pour nous et pour eux, et de l’autre ma compréhension des enjeux sanitaires.

Le déconfinement ne devrait s’envisager qu’en organisant une surveillance très pointue de la capacité des centres de soins médicaux à traiter des nouveaux malades du Covid-19. C’est un point fondamental qui doit être réglé avant le déconfinement, de manière à pouvoir confiner de nouveau très rapidement les personnes si la charge des centres de soins devient trop importante.

Il me semble peu probable qu’une reprise de l’école le 11 mai n’ait pas d’impact sur le système de santé et les capacités de l’hôpital. Ayant des frères et sœurs au front, cela me semble déraisonnable de les laisser sous tension plus longtemps, plutôt que de profiter un peu de l’accalmie permise par le respect du confinement.

Je souhaite la reprise des cours mais à la condition que l’on soit en mesure de faire des tests de Coronavirus, et à ce jour nous ne savons pas si le 11 mai ce sera possible.

Je comprends les préoccupations sociales du gouvernement, mais je pense que nous sommes en mesure en coordonnant les médecins, enseignants, juges d’identifier les populations à risque et de faire un déconfinement ciblé. Pour certains enfants seulement, en risque de décrochage ou de violence familiale, je permettrais une reprise (voire l’imposerais) et pour les autres, je demanderais à un parent de rester confiné avec les enfants.

Il est certain que le maintien du confinement jusqu’aux grandes vacances pose de très gros problèmes pour l’enseignement des cours, l’évaluation des étudiants et le passage des examens.

Je comprends que cette décision est aussi guidée par des considérations économiques, évidemment essentielles également pour notre société. Pour autant je serais attentive au risque d’une reprise trop tôt et mesurerais bien les bénéfices versus les risques.

Ce sont des décisions extrêmement compliquées de toutes les manières et c’est mon humble avis

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À travers cette lecture vous trouverez certainement de quoi alimenter votre propre réflexion et peut-être vous aider face aux prochaines décisions que vous aurez à prendre en tant que parent ou enseignant.

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Nous allons devoir relever de nouveaux défis, c’est évident. Celui de l’Éducation doit rester notre priorité.

Plus que jamais, cette épreuve a mis en exergue la fragilité de notre système hyper centralisé. Il conviendra d’en retenir les leçons pour être en mesure d’assurer, en pareilles circonstances, une éducation de meilleure qualité à tous les enfants.

Priorité à l’éducation !

signature sophie auduge

Sophie Audugé,
Déléguée Générale de SOS Éducation

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