Bac 2021 - Même pandémie - Même Bac !

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Posté par : SOS Éducation - J 20 avril 2021 Aucun commentaire

Chère amie, Cher ami,

En raison de la crise sanitaire, les candidats au Bac 2021 ne passeront pas les épreuves, sauf celles du grand oral et de la philosophie. Les notes obtenues en contrôle continu remplaceront l’examen national, comme en 2020.

Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne.

Le ministre exclut de ces modalités exceptionnelles justifiées par la pandémie, les 4 000 candidats des établissements scolaires hors contrat avec l’Éducation nationale.

  • Bien qu’inscrits dans un établissement scolaire, comme les autres…
  • Bien que suivant un enseignement structuré…
  • Bien que régulièrement évalués…
  • Bien que disposant d’un livret scolaire en bonne et due forme…

… Ces 4 000 candidats passeront TOUTES les épreuves du Bac, en se rendant pour chacune d’elles dans un centre d’examen.
Ainsi entre le 19 mai et le 19 juin, ils se rendront plus d’une douzaine de fois au centre d’examen, puisqu’ils ont entre 12 et 14 épreuves à passer.

Comment est-il possible de soumettre une partie des élèves à un tel risque, au seul motif qu’ils sont scolarisés dans un établissement hors contrat, alors que leurs homologues scolarisés dans des lycées publics, privés sous contrat ou inscrits au CNED réglementé, en sont préservés ?

Voici la recette.

Avant la réforme du Bac voulue par Jean-Michel Blanquer, les élèves du hors contrat, inscrits à l’examen du baccalauréat par leur lycée, étaient enregistrés comme candidats rattachés à ce lycée. Ils ne faisaient donc pas partie des candidats libres, qui regroupaient alors les élèves non scolarisés.

Mais le 3 avril 2020, pirouette de l’administration !
Dans le panier de la réforme du bac, le ministère a glissé un changement de taille, sans en informer les premières intéressées, c’est-à-dire les écoles hors contrat.
La définition de la catégorie candidats libres s’est élargie pour intégrer désormais tous les élèves qui ne sont pas inscrits à un enseignement sous-contrôle de l’Éducation nationale.

Et le tour est joué…

Le ministère nie ainsi l’existence des établissements hors contrat, leur contribution à notre système éducatif, le travail de leurs équipes enseignantes et administratives. Pourtant la plupart de ces établissements ont pignon sur rue depuis des décennies et obtiennent de bons, voire de très bons résultats au baccalauréat.

En agissant ainsi, le ministère honnit le choix de parents, lesquels, souvent contraints par les besoins spécifiques de leurs enfants, optent pour d’autres modalités d’enseignement que celles dispensées par l’Éducation nationale.
Ils sont pourtant des citoyens, comme les autres… et des contribuables qui participent par leurs impôts au financement de l’École publique.

Par ce tour de passe-passe, qui consiste à enregistrer les élèves du hors contrat en candidats libres, le ministre de l’Éducation dispose des moyens juridiques pour les exclure des mesures exceptionnelles qu’il accorde cette année aux élèves inscrits dans un établissement public, privé sous contrat ou au CNED réglementé.

L’année dernière,
le cadre juridique était identique.

Le ministre avait déjà tenté de faire passer les épreuves du Bac aux seuls élèves du hors contrat. Mais l’onde de choc provoquée a été telle qu’il a finalement reculé. Le Bac 2020 s’est déroulé pour tous les élèves selon les mêmes règles de passation.

Cette année, il remet le sujet sur la table. Pourtant le contexte est identique. La pandémie n’est toujours pas sous contrôle et le quotidien des élèves est encore très perturbé.

Les élèves du hors contrat ont le sentiment d’être « les sacrifiés » du nouveau Bac. Les candidats du hors contrat ont l’impression désagréable d’être des cobayes.

Ils seraient les premiers à passer les épreuves prévues par la réforme du Bac.

Une réforme unanimement critiquée de l’intérieur, qui a généré de violents mouvements de grève au sein de l’Éducation nationale entre 2019 et 2020.
À l’époque, le ministre a affiché sa détermination à conduire sa réforme, à marche forcée s’il le fallait. Mais la pandémie a mis un coup d’arrêt.

Pour contenir la situation et maintenir le calme dans les rangs de l’Éducation nationale, il a concédé, en 2020 puis maintenant en 2021, l’abandon des épreuves pour les candidats des établissements publics, privés sous contrat et inscrits au CNED réglementé.

Mais pour les candidats des établissements hors contrat, le scénario est différent. Il faut dire qu’ils n’ont pas les mêmes moyens de pression sur le ministre. Ils seront donc les seuls à expérimenter le nouveau Bac.
Ils le feront dans les pires conditions académiques puisque les épreuves de spécialité prévues en mars ayant été reportées, toutes les épreuves se concentrent sur un mois.

Alors que les élèves des établissements sous contrat préparent paisiblement l’épreuve de philosophie et le grand oral, les élèves du hors contrat croulent sous les révisions de 12 épreuves en même temps.

Alors la tension monte pour les 4 000 candidats.
Minés par le sentiment d’une profonde injustice, ils attendent de savoir à quelle sauce ils vont être mangés, dans un climat d’impréparation générale, de réajustements de dernière minute permanents, d’absurdité organisationnelle, de rupture d’égalité et au mépris des risques sanitaires…

SOS Éducation se bat
pour tous les élèves...

… Sans distinction des modes d’instruction.
… Seul l’intérêt supérieur des enfants guide nos actions.

C’est pourquoi nous devons agir maintenant. Votre Association lance aujourd’hui une pétition pour demander au ministre des conditions de passation identiques pour tous.

Nous ne pouvons pas abandonner ces jeunes.

Nous ne pouvons pas les envoyer passer une douzaine d’épreuves en présentiel au mépris des risques sanitaires et des principes d’équité entre les candidats.

  • Comment vont se dérouler les épreuves ? Quels moyens vont-être mobilisés pour faire passer l’examen national du Baccalauréat à moins de 4 000 candidats répartis sur toute la France ?
  • Comment garantir la valeur du diplôme et l’équité entre les candidats, quand moins de 4 000 candidats passeront TOUTES les épreuves… Alors que plus de 710 000 obtiendront le « même » Bac en restant chez eux ? Cerise sur le gâteau, ces « bienheureux » se verront gratifiés de mentions comme s’il en pleuvait, leur permettant d’accéder aux meilleures places dans Parcoursup.
    Quelle injustice tout de même !
  • Comment garantir la valeur du diplôme et l’équité entre les candidats, quand les élèves du public disposent de 2 mois pour se préparer à 2 épreuves, alors que ceux du privé hors contrat ont moins d’un mois pour en préparer une douzaine ?
  • Comment garantir la valeur du diplôme et l’équité entre les candidats, quand les seules copies qu’auront à noter les examinateurs, professeurs de l’Éducation nationale, seront celles d’élèves du hors contrat… Alors qu’elles sont habituellement noyées parmi les 740 000 copies des autres candidats à l’examen national. Ne soyons pas naïfs. Dans les rangs de l’Éducation nationale, bien que les choses évoluent, des a priori contre le hors contrat perdurent. Comment garantir un traitement impartial des copies dans ce contexte ? C’est tout simplement impossible. Des actions auprès du Conseil d’État ont d’ailleurs été engagées par des associations de parents, mais à ce jour les conclusions n’ont pas été rendues.
  • Comment justifier un traitement sanitaire différencié entre les candidats quand les risques liés à la pandémie sont les mêmes ?
    Aucun épidémiologiste n’a pourtant révélé que les élèves des écoles hors contrat seraient mieux immunisés contre la Covid-19, ni leurs familles, ni leurs examinateurs.

En réalité,
personne ne comprend cette situation absurde.

L’année dernière, tous les candidats au baccalauréat ont pu bénéficier des mêmes conditions. Ils devaient pour cela justifier d’un livret scolaire conforme à certains principes de rigueur professionnelle et de suivi. Ce qui est parfaitement normal et qui a été respecté.

Pourquoi, un an plus tard, le ministre décide-t-il de changer la donne,
alors que le contexte est exactement le même ?

L’administration de l’Éducation nationale, contactée par plusieurs sources, tente de justifier ce retournement de veste par les résultats du Bac 2020. Elle invoque la notation pratiquée par les établissements hors contrat… Elle serait plus favorable aux candidats, autrement dit moins exigeante que celle pratiquée par les établissements publics…

Cette nouvelle mise en cause du hors contrat est consternante.
D’autant que certains établissements hors contrat sont connus pour pratiquer une notation plutôt sévère. La chose est facile à vérifier. Leurs candidats obtiennent des notes au baccalauréat plus élevées que celles données par leurs professeurs en contrôle continu.

Mais bientôt cela ne se verra plus. Puisqu’en enregistrant les élèves du hors contrat en candidats libres, leurs résultats au bac ne seront plus rattachés à leur établissement. Le ministère pourra tranquillement se voiler la face et négliger les scores des établissements hors contrat.

Le ministère omet par contre de mentionner le comportement de certains établissements publics. Lesquels ont pratiqué l’année dernière une notation pour le moins « bienveillante ». En réalité, le problème n’est pas nouveau au sein de l’Éducation nationale.

Depuis plusieurs années, des correcteurs et des enseignants dénoncent une tendance à la remontée des notes lors des commissions d’harmonisation des résultats pour l’obtention du baccalauréat. Un référé est actuellement en cours contre le ministère pour une affaire récente de ce type.
En 2020, pour certains établissements publics, on a assisté à des « remontadas » !

Voyez par vous-même

Voici les résultats obtenus au baccalauréat 2020 en contrôle continu de 4 établissements publics parisiens, comparativement à ceux obtenus à l’examen national par ces mêmes établissements les trois années précédentesÉclairant !

Remontada :
Retournement de situation totalement inattendu et hautement improbable dans le domaine sportif,
et tout particulièrement dans le football.

Aucune raison de sanctionner les élèves du hors contrat par rapport à ceux du public, donc !

Quelles sont, alors, les motivations qui conduisent le ministre à agir ainsi ?

Admettons que pour entériner sa réforme, le ministre ait besoin de candidats pour passer son nouveau Bac à l’épreuve du feu, c’est-à-dire en situation réelle d’examen.

Pourquoi choisir d’envoyer seulement les élèves du hors contrat ?

Les conséquences de la crise sanitaire ont été catastrophiques pour les apprentissages, surtout dans les établissements publics, du fait : des enseignements à distance qui ont souvent été défaillants, des demi-jauges (une demi-classe par jour, divisant par deux les enseignements dispensés), des absences de professeurs (malades ou cas contacts)…

Le ministre pouvait légitimement craindre qu’un nombre non négligeable d’élèves du public n’aient pas le niveau pour passer les épreuves terminales du Bac. Dans ce contexte, devait-il prendre le risque de voir le taux de bacheliers s’effondrer, avec une centaine de milliers de redoublants à recaser à la rentrée prochaine ? Impensable.

Le ministre a peut-être constaté que les établissements hors contrat, plus souples et plus flexibles, se sont vite adaptés. Et qu’ils sont parvenus à préserver les enseignements. Mais ce ne sont pas des raisons pour opérer une discrimination entre les élèves !

C’est pourquoi, après avoir échangé avec des candidats, des enseignants, des chefs d’établissement, des associations de parents, des fédérations d’établissements, et constatant les ruptures d’égalité entre les candidats, SOS Éducation lance la mobilisation :

Même pandémie – Même Bac

Notre action s’inscrit en appui des initiatives déjà engagées par les élèves de plusieurs établissements hors contrat, leurs parents et leurs enseignants.

Ne nous méprenons pas sur leurs intentions. Les élèves du hors contrat n’ont pas peur de passer le Bac.
Ils demandent seulement LE MÊME BAC POUR TOUS !

Pour participer à l’action
« Même pandémie - Même Bac »,

cliquez simplement sur le bouton ci-dessous :

En cliquant sur le bouton,
vous pourrez lire le texte adressé au ministre et le signer.

Une fois la pétition signée,
transférez le lien à tout votre carnet d’adresses
et partagez-la sur les réseaux sociaux.

Un immense merci de tout ce que vous pourrez faire.
Priorité à l’éducation !

signature sophie auduge

Sophie Audugé,
Déléguée Générale de SOS Éducation

P.S. : Dans mon prochain message, vous pourrez retrouver les témoignages vidéos de lycéens en colère, mais déterminés, ainsi que d’une enseignante d’un lycée hors contrat renommé… Surveillez vos e-mails !

P.P.S. : SOS Éducation est totalement indépendante, elle ne touche aucune subvention. Pour soutenir nos actions et nous permettre de continuer le combat pour améliorer le système éducatif, aidez-nous par un don. Et si vous le pouvez, optez pour un don régulier, même d’un montant moindre. C’est pour nous un signe important de votre confiance dans la durée. Merci !

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