1 minute payée par l'État…

Posté par : SOS Éducation - M 14 novembre 2025 Aucun commentaire

Chère amie, Cher ami,

J’aimerais avoir votre avis, en un clic, sur une question délicate concernant l’enseignement et l’EVARS…

Vous avez entendu les derniers propos d’Édouard Geffray, notre nouveau ministre de l’Éducation nationale ?

Il a voulu mettre les points sur les i :

« Lorsque l’État paie un professeur, il le paie pour enseigner. Ça me semble l’évidence. Donc une minute payée par l’État, c’est une minute d’enseignement, ça ne sert pas à autre chose. » 

Inattaquable, non ?

Sauf que, selon une étude de l’OCDE réalisée en 2019 (Les Echos), en France, 17 % du temps de classe est perdu à gérer la discipline !

Soit plus de 10 minutes par heure de cours. C’était déjà le cas il y a 6 ans, et depuis, la situation ne s’est pas arrangée…  

35 % des enseignants français signalent des problèmes de discipline avant le début de leur cours ! Avec une forte disparité selon les établissements.

Passer du temps à instaurer un climat propice aux apprentissages est un mal nécessaire. Est-ce pour autant un temps d’enseignement ?

Et, finalement, qu’est-ce qui peut VRAIMENT être considéré comme un enseignement ?

Sur le sujet sensible de l’Éducation à la Vie Affective Relationnelle et Sexuelle à l’École, Édouard Geffray a précisé la position du ministère :

« Un programme, c’est un programme c’est obligatoire partout. Ce n’est ni discutable, ni négociable, ni amendable »

Sans attendre, l’association des Mamans Louves, avec laquelle nous travaillons sur ce sujet important depuis 3 ans, a réagi :

Car l’EVARS n’est PAS un enseignement au même titre que le français ou les mathématiques.

>> Il ne s’agit PAS d’un volume horaire régulier : juste 3 séances EVARS annuelles, et non un programme suivi chaque semaine tout au long de l’année scolaire.

>> Ce n’est PAS une discipline du concours de recrutement (CAPES, agrégation…) : aucun candidat enseignant ne peut spécialiser sa formation sur l’EVARS.

>> Il n’y a (heureusement !) PAS d’évaluation formelle, à la différence des autres matières académiques : il n’existe pas d’examen pour mesurer et valider les apprentissages des élèves sur l’EVARS.

Dès lors, la question se pose de savoir ce qui est considéré comme un réel enseignement selon l’institution scolaire française !

Les remontées du terrain par des enseignants volontaires pour diffuser l’EVARS sont édifiantes.

L’offre de formation des enseignants reste très limitée et la communication du ministère, opaque. Seules 3 heures d’auto-formation sont proposées sur le site Magistère du ministère de l’Éducation nationale.

Certains rectorats ont organisé de courtes sessions de formation à distance, insuffisantes face aux enjeux.

Pourtant il est indispensable que la formation soit solide, si possible en présentiel et sur un cycle pluriannuel, pour que les enseignants puissent s’approprier le programme EVARS et le diffuser sans nuire aux enfants.

D’après nos sources, référent EVARS a été nommé pour chaque établissement, aussitôt propulsé formateur de ses collègues, et animateur chargé de trouver des volontaires et de planifier les sessions…

Alors si « une minute payée par l’État, c’est une minute d’enseignement », que dire de la situation ubuesque actuelle ?

Car aucune heure fléchée n’est allouée pour l’EVARS dans les dotations des établissements.

En bref, zéro budget.

Ces heures seront intégrées aux services déjà nombreux des enseignants, a priori sans rémunération supplémentaire.

Certains enseignants, fatigués de travailler toujours plus sans contrepartie, refusent ce principe  très discutable  du bénévolat.

Ils subissent déjà les heures supplémentaires imposées, les classes surchargées… Sans oublier une perte de pouvoir d’achat suite au gel du point d’indice de la rémunération des fonctionnaires.

L’EVARS demande un réel effort, sur un sujet délicat, loin de leur discipline d’origine. Cela nécessite de se former et de préparer les séances avec soin. C’est du travail.

Certains enseignants ont pu négocier un accord avec le directeur d’établissement pour ponctionner le quota d’HSE (Heures Supplémentaires Effectives). Mais cela bloque tout autre projet éducatif, et ne suffit même pas à assurer les 3 séances annuelles demandées à chaque niveau scolaire…

L’EVARS sera-t-elle assurée de façon bénévole par les enseignants, comme l’espère le ministère ? Et alourdir encore le fardeau de professeurs parfois au bout du rouleau ?

L’EVARS va-t-elle être intégrée aux heures de cours ? Et donc rogner sur les enseignements des disciplines fondamentales, déjà amputés par de multiples dispositifs à l’intérêt parfois discutable ? Le tout dans un contexte de baisse du niveau scolaire des élèves…

L’EVARS va-t-elle se résumer à un énième effet d’annonce, faute de volontaires ? Ou bien cela augure un changement de stratégie bras de fer avec les enseignants, puis volontaires désignés d’office par le ministère ?

Peut-on déduire de la phrase du ministre que « si ce n’est pas payé, c’est que ce n’est pas de l’enseignement » ?

J’en viens à la question :

L’EVARS est-il un enseignement ?

Donnez votre avis en un clic :

Votre avis m’intéresse, car cette question divise ! N’hésitez pas à vous exprimer après avoir voté en un clic.

Je vous enverrai le résultat de ce sondage d’ici peu, avec une sélection des réflexions ou témoignages reçus les plus intéressants.

PS : Si l’actuel ministre de l’Éducation nationale veut respecter les engagements pris par ses prédécesseurs, il doit :

  • Former les intervenants à la hauteur des enjeux ;

  • Financer les 3 séances annuelles obligatoires, axées sur la prévention ;

  • Préserver les heures pédagogiques dédiées aux disciplines fondamentales.

Dans le contexte actuel de tension budgétaire, cela semble… compliqué !

ATTENTION : la position de SOS Éducation n’a pas changé. Elle est résumée dans notre pétition ayant déjà rassemblé 187 595 signataires :

« OUI à la prévention, 
NON à l’éducation sexuelle à l’École ! »

Nos recours au Conseil d’État pour annuler le programme EVARS ont été rejetés, mais nous restons mobilisés.

Pour rappel, voici une mesure simple et peu coûteuse que pourrait prendre le nouveau ministre dès aujourd’hui pour protéger les enfants : diffuser et faire signer la charte éthique EVARS à tous les intervenants.

Rédigée par le Dr Maurice BERGER, pédopsychiatre et ex-professeur associé de psychopathologie de l’enfant, et Sophie AUDUGÉ, experte en politiques éducatives, cette charte a été co-signée par 256 cliniciens de la santé et du psychisme de l’enfant et de l’adolescent.

Respecter cette charte éthique EVARS, c’est s’assurer d’informer… sans nuire aux enfants ! Cela ne devrait-il pas être le seul objectif ?

Si ce n’est déjà fait, signez la charte éthique EVARS pour rejoindre les 18 850 autres signataires. Puis diffusez-la autour de vous : parents, professeurs, directeurs d’établissements, infirmières scolaires… Tous doivent être mobilisés pour protéger au mieux les enfants.

Un flyer EVARS à destination du grand public a été préparé par l’équipe, ainsi qu’une FAQ EVARS. Vous avez tous les outils en main pour agir !

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