L’opinion des parents d’élèves sur l’École en 2021 - Résultats du baromètre IFOP/SOS Éducation

Posté par : SOS Éducation - J 2 septembre 2021 2 commentaires

L’opinion des parents d’élèves sur l’École en 2021 – Résultats du baromètre IFOP/SOS Éducation

Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de 1 002 parents d’élèves du primaire et du secondaire scolarisés dans l’année 2020/2021, la seconde vague de notre baromètre réalisé avec l’IFOP, qui a vocation à prendre tous les 2 ans le pouls de l’opinion des parents sur le système éducatif, s’avère riche en enseignements.

1 – Bilan de l’impact de la crise de COVID-19 sur l’École : une aggravation de la défiance des parents d’élèves vis-à-vis de l’institution scolaire.

Déjà sévèrement jugé en 2019, Jean-Michel Blanquer, qui sera bientôt le ministre de l’Éducation nationale le plus stable de la Ve République, n’a pas su convaincre les parents d’élèves. Sa gestion de la crise sanitaire n’a pas amélioré les choses. Ainsi 56 % des parents d’élèves ont actuellement une mauvaise opinion de Jean-Michel Blanquer, un niveau sensiblement similaire à celui observé en juin 2019. Sur les 44 % des parents d’élèves qui ont plutôt une bonne opinion du résident de la rue de Grenelle, ils ne sont que 4 % à afficher avoir de lui une très bonne opinion.

Mais c’est surtout le sentiment d’aggravation de la baisse du niveau des élèves, déjà majoritaire dans l’opinion, qui s’est considérablement renforcé au cours des deux dernières années : 69 % des parents d’élèves partagent cette opinion, soit 6 points de plus qu’en 2019 !

Plus inquiétant, la défiance des parents d’élèves sur la capacité du gouvernement et du ministère de l’Éducation à enrayer la baisse du niveau des élèves. Ils sont 69 % à ne pas avoir confiance : c’est 9 points de défiance de plus qu’il y a 2 ans !

Il en est de même pour les autres grands problèmes de l’école. Les violences à l’école, c’est 70 % des parents qui n’ont pas confiance en nos institutions pour résoudre le problème. Et 68 % quand il s’agit du mal être des enseignants…

2 – Le bilan très critique des parents d’élèves sur la situation de l’École et la défiance accrue envers nos institutions, renforcent une volonté déjà présente de réformes.

Renforcement de l’autorité et des sanctions, autonomie accrue de l’action des équipes éducatives, plus de transparence sur les résultats scolaires et les faits de violence par établissement… Toutes ces pistes sont privilégiées par plus de quatre parents d’élèves sur cinq pour résoudre les difficultés de l’École. Alors que les débats sur ces questions sont généralement partisans, les parents d’élèves s’affranchissent de leurs préférences politiques pour soutenir très largement ces mesures, en dehors des clivages gauche-droite.

Exemple marquant : 94 % des parents d’élèves sont favorables au rétablissement de l’autorité des enseignants et à ce que les sanctions prévues soient appliquées. 

Autre fait marquant, une majorité de parents d’élèves (57 %), tant les parents d’élèves du public que ceux du privé, contrairement au clivage observé en 2019, sont favorables à une augmentation du budget de l’Éducation nationale pour conduire ces réformes attendues.

3 – Face au constat du déclin de l’enseignement scolaire et face aux difficultés de leurs enfants, les parents affûtent leur stratégie.

Le taux de satisfaction des parents d’élèves sur leur perception globale de l’enseignement dispensé chute quel que soit le niveau de classe. Bien que l’enseignement de maternelle reste celui qui semble satisfaire le mieux les parents d’élèves, il chute de 2 points par rapport à 2019. L’élémentaire perd 5 points et le secondaire chute littéralement, 11 points de moins pour le lycée et 10 pour le collège. Les parents s’avèrent particulièrement critiques sur les enseignements qui y sont dispensés. 

Malgré une vision générale vis-à-vis de l’Éducation nationale dégradée, 57 % des parents d’élèves seraient toutefois en capacité de dire du bien de l’établissement de leur enfant, en particulier ceux dont l’enfant est actuellement dans le privé (63 %, contre 55 % parmi ceux dont l’enfant est dans le public).

Si le suivi des élèves reste l’élément principal pour le choix de l’établissement de son enfant (63 % des parents le choisissent), cette nouvelle édition du baromètre a été marquée par l’augmentation significative de 2 éléments, en premier lieu les valeurs portées par l’équipe pédagogique (54 %), en progression de 14 points par rapport à 2019, et le niveau des élèves (51 %) avec une progression de 7 points par rapport à 2019. Deux critères devenus déterminants aux yeux des parents d’élèves qui sont de plus en plus attentifs aux conditions de la scolarité de leurs enfants.

Concernant le « match » public-privé, quand il s’agit de choisir dans quel système d’enseignement leur enfant aura le plus de chance de réussir, 45 % des parents citent le privé et 55 % le public. Néanmoins, 32  % des parents d’élèves scolarisés dans le public pensent que leur enfant aurait plus de chance de réussir dans le privé, alors qu’à l’inverse, les parents dont les enfants sont scolarisés dans le privé ne sont que 2 % (dans le hors contrat) à 10 % (privé sous contrat) à penser qu’ils réussiraient mieux dans le public.

LE POINT DE VUE DE SOS ÉDUCATION

Cette deuxième édition de notre baromètre fournit une fois encore des données extrêmement riches pour nourrir la réflexion de tous les acteurs du monde éducatif et orienter des plans d’actions efficaces pour améliorer l’École. 

Le fait marquant de cette édition 2021 est indéniablement le plébiscite des mesures que SOS Éducation défend depuis plusieurs années maintenant, à savoir restaurer l’autorité des enseignants, plus d’autonomie pour les établissements, remonter le niveau des élèves, s’attacher à ce que tous les enfants acquièrent les fondamentaux, responsabiliser les parents… Quand plus de 90 % des parents d’élèves scolarisés dans l’année de l’étude (donc qui savent de quoi ils parlent) affichent aussi clairement leur opinion favorable sur ces mesures pour réformer notre système éducatif, nous pouvons espérer qu’ils soient enfin entendus par les candidats à la prochaine élection présidentielle.

Évidemment, le niveau de défiance des parents d’élèves quant à la capacité de nos institutions à relever les grands défis de l’École est extrêmement préoccupant.

Mais se voiler la face ne résout rien. Nous devons collectivement prendre acte de l’échec successif des politiques éducatives menées ces 20 dernières années, et relever les manches. Notre système éducatif est parmi les plus inégalitaires au monde, le niveau globalement acquis par les élèves baisse dramatiquement, et la course aux établissements d’élite, privés comme publics, commence de plus en plus tôt. Ce constat, longtemps réservés aux spécialistes et analystes des études internationales PISA, TIMSS, PIRLS… est désormais un lieu commun que nous déplorons au quotidien à l’école, mais aussi dans la vie professionnelle. 

Tous les enfants scolarisés en France ont droit à une instruction de qualité jusqu’à 16 ans, il est de notre devoir de tenir cet engagement auprès d’eux. C’est à nous de leur garantir les conditions d’un haut niveau d’Éducation acquis, et non de se gargariser d’un niveau théorique qui n’existe que dans les lignes des programmes officiels qui s’avèrent impossibles à enseigner à la majorité des élèves. Il faut en finir avec cette fausse bienveillance du collège unique et d’un baccalauréat en carton. Voilà la priorité qui devrait apparaître dans tout programme politique, digne de ce nom, pour 2022.

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2 commentaires

  • Belmont

    On perd son temps à vouloir forcer des jeunes à être présents au lycée où ils n’ont pas les capacités d’y progresser. On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Par contre , faciliter leur apprentissage pour une activité manuelle permet le plus souvent de révéler leurs capacités méprisées au lycées, et de faire naître l’intérêt de l’effort qui valorise. Encore faut-il que le travail manuel soit correctement considéré.

  • Jean-Yves BASSET

    “94 % des parents d’élèves sont favorables au rétablissement de l’autorité des enseignants et à ce que les sanctions prévues soient appliquées”
    Oui, mais voilà, les syndicats sont contre et ceux qui causent dans le poste aussi.
    Je suis d’ailleurs très inquiet : 94 % des parents d’élèves seraient d’estreme drouate ??