SOS Éducation — Quel est votre parcours et comment avez-vous eu l’idée de créer cette application ?
Aghilas HACHED — Je m’appelle Aghilas HACHED, après une classe prépa scientifique, j’ai intégré une grande école d’ingénieurs puis travaillé durant 7 ans au sein du cabinet Deloitte en consulting. Durant mes années en tant que consultant et manager, je suis resté en lien avec l’éducation en étant d’abord professeur vacataire à l’université Paris Dauphine puis khôlleur en Classe Préparatoire aux Grandes Écoles. Fin 2015, je décide avec mon associé de me consacrer à l’éducation en créant le Groupe Réussite, une EdTech, c’est-à-dire une plateforme Éducative à forte dominante Technologique, qui propose des cours particuliers, des stages de vacances et des cours en ligne.
PrepApp est née d’une volonté commune avec des amis développeurs de proposer une offre quasi-gratuite de contenus de qualité, dans un format d’apprentissage qui plaît aux élèves et qui se diffuse de manière la plus large possible.
SOS Éducation — Pouvez-vous présenter l’application PrepApp ?
Aghilas HACHED — PrepApp est une application mobile proposant des résumés de cours, des méthodes, des QCM, des exercices, des annales et des corrigés complets. Tous les contenus sont proposés par des professeurs de CPGE avec beaucoup d’expérience dans leurs domaines.
PrepApp propose des éléments de gamification (c’est-à-dire de stimulation par le jeu, le gain de points…) avec notamment des classements entre lycées selon le nombre de points acquis par les élèves. Des statistiques individuelles sont également proposées afin que les élèves puissent suivre leurs progressions.
SOS Éducation — De quelle manière cette application peut-elle aider les élèves de Terminale et de Classes Préparatoires ?
Aghilas HACHED — L’approche par les méthodes : très peu de professeurs ont cette approche, par les méthodes comme nous le proposons dans PrepApp. Il n’y a pourtant pas beaucoup de manières de répondre à une question en maths ou en physique selon les chapitres. Une fois que l’élève connaît les différentes techniques nécessaires pour répondre à la plupart des questions sur un chapitre, il peut dans un premier temps s’atteler à faire des QCM souvent proches du cours. Ensuite viennent les exercices et corrigés détaillés d’une difficulté croissante afin que chaque élève puisse travailler sur les exercices selon son niveau.
L’application à l’aide des classements et les progressions par chapitre permettent de défier les élèves en s’appuyant sur les mécanismes des jeux pour les motiver et les mobiliser.
Nous misons beaucoup sur la qualité des contenus pour avoir un maximum d’engagement de la part des élèves. Tous les exercices classiques par classe sont dans PrepApp.
SOS Éducation — Quels sont les avantages de votre application ? Quels sont les apports et qualités qui vous sont le plus souvent remontés par les utilisateurs ? Et quels sont les défauts, les reproches ?
Aghilas HACHED — Voici quelques avantages : l’application est gratuite. Elle est complète pour les classes de terminale S en maths et physique-chimie, pour les classes prépa de maths sup et maths spé en maths, physique-chimie, français et pour les prépa HEC en maths.
La qualité des cours, exercices et corrigés est indéniable.
La gamification est très fortement appréciée par les élèves qui voient leurs scores et le score de leur lycée grimper à force de répondre à des questions.
Certains élèves nous reprochent de ne pas proposer toutes les classes et toutes les matières. Nous faisons le maximum pour proposer plus de contenu mais la production de contenus de qualité et les relectures prennent du temps.
SOS Éducation — Qu’est-ce qui différencie votre application de toutes les autres proposées sur le marché ?
Aghilas HACHED — Nous sommes les seuls à proposer des contenus pour les CPGE (maths sup, maths spé, prepa HEC) pour les voies scientifiques et économiques. Nous sommes les seuls également à proposer les classements permettant aux élèves de se situer mais également de se dépasser.
SOS Éducation — Quel est le profil type de l’utilisateur de votre plateforme ?
Aghilas HACHED — Nous avons tous types d’utilisateurs : de l’élève qui l’a téléchargée par curiosité et qui ne travaille pas dessus à l’élève qui arrive à obtenir 14 000 points sachant qu’une bonne réponse rapporte 6 points. On constate que certains élèves travaillent presque exclusivement sur PrepApp.
SOS Éducation — En quelques chiffres, combien de jeunes utilisent votre plateforme ?
Aghilas HACHED — Ils sont près de 30 000 élèves sur PrepApp sur cette année scolaire. En France, il y a près de 90 000 élèves de CPGE et 200 000 élèves en terminale S, seule classe pour le moment pour laquelle nous proposons nos contenus.
SOS Éducation — Quels sont les résultats des utilisateurs de votre plateforme ?
Aghilas HACHED — Difficile à dire car notre impact, bien que positif, est difficile à quantifier. Nous restons en accompagnement, en complément, d’un enseignement en classe. En sondant les élèves qui ont terminé en haut du classement dans PrepApp l’an dernier, nous avons constaté que beaucoup d’entre eux ont intégré de très bonnes écoles (Mines de Paris, Centrale, l’ENSEA…). Mais est-ce uniquement PrepApp ? ou PrepApp a contribué à booster ces élèves déjà travailleurs et motivés ?
Nous essaierons dans le futur de prévoir des tests de niveaux plus pertinents pour avoir une meilleure mesure d’impact.
SOS Éducation — Quel autre conseil, en plus d’utiliser votre plateforme, donneriez-vous à un jeune ?
Aghilas HACHED — Des conseils classiques que beaucoup de professeurs répètent mais qui ne sont pas toujours appliqués : de travailler régulièrement (faire des maths tous les jours, faire du français tous les jours), d’écouter en classe, de se motiver.
SOS Éducation — Quels sont les partenaires, écoles… qui promeuvent votre application ?
Aghilas HACHED — Nous nous étions concentrés sur les fonctionnalités de l’application et le contenu pour qu’un maximum d’élèves puissent bénéficier des cours de PrepApp. Nous sommes actuellement en contact avec plusieurs écoles qui souhaitent être présentes dans PrepApp.
SOS Éducation — Quels sont les partenaires, écoles liés financièrement (actionnaires, clients…) à votre plateforme ?
Aghilas HACHED — Nous sommes en autofinancement.
SOS Éducation — Quelles sont les modalités d’utilisation de votre plateforme ?
Aghilas HACHED — PrepApp est gratuite jusqu’à septembre 2020. Après cette année scolaire, nous déciderons de la suite à donner à la tarification. Dans tous les cas, celle-ci ne dépassera pas 5€/mois.
SOS Éducation — Quel est le coût d’utilisation de votre plateforme ?
Aghilas HACHED — Les coûts sont importants : il est nécessaire de payer les professeurs qui confectionnent le contenu, les développeurs, les serveurs, l’acquisition même si celle-ci est essentiellement organique.
SOS Éducation — Vous avez décidé d’en proposer la gratuité pendant le confinement. Pourquoi ?
Aghilas HACHED — Par solidarité. Les élèves ont moins accès aux cours de leurs professeurs. Beaucoup de professeurs n’ont pas pu organiser des classes virtuelles. Nous pensons que PrepApp est un réel apport pour un élève motivé.
SOS Éducation — Qu’est-ce qui est le plus difficile selon vous pour les jeunes auxquels se destine votre plateforme ?
Aghilas HACHED — L’accès à des ressources de bonne qualité et qui les fassent progresser, avec notamment des corrigés détaillés et des exercices classiques mais pertinents.
SOS Éducation — Quels sont les retours des élèves que vous accompagnez en cette situation de confinement ? Quelles sont leurs préoccupations ?
Aghilas HACHED — Beaucoup de retours très positifs. Nous avons reçu énormément d’e-mails de remerciements et quelques élèves ont mis des avis sur Google Play et Apple Store.
SOS Éducation — Depuis le début du confinement, vous avez dû recevoir de nombreuses questions de la part des parents ?
Aghilas HACHED — Sur PrepApp, nous sommes en contact avec les élèves. Les inquiétudes des parents se sont manifestées sur nos activités de cours particuliers en ligne et de stages pendant les vacances. Beaucoup de parents ont souhaité disposer de professeurs parfois 2 h par jour avec la méthodologie que nous avons mise en place (visioconférence, tableau numérique, tablette graphique) où l’interaction entre l’élève et le professeur est réelle.
Dans beaucoup de classes, la continuité pédagogique se résume à envoyer un résumé de cours à un élève et des exercices à faire. Les parents sont dépassés surtout quand le niveau est élevé, et les élèves ne sont pas assez autonomes pour qu’un cours et quelques exercices soient suffisants pour qu’ils progressent.
SOS Éducation — Le 13 avril le Président de la République a annoncé la réouverture des écoles, collèges et lycées. Les classes préparatoires vont elles aussi faire leur rentrée le 11 mai ?
Aghilas HACHED — À priori c’est prévu pour les maths sup pour les classes MPSI, PCSI, PTSI, BCPST, TSI mais beaucoup de questions se posent. Ces élèves bien qu’adultes sont souvent 40 par classes. Demandera-t-on aux professeurs de se démultiplier et d’assurer à la fois des cours en présentiel et des cours à distance ? Les élèves ne devront-ils venir qu’un jour ou deux par semaine ? Est-ce réellement nécessaire de faire venir les élèves de première année pour qui l’enjeu est uniquement le passage en maths spé ?
SOS Éducation — Le Premier ministre a annoncé fournir dans quelques jours les dates et conditions de passation des examens d’admission aux grandes écoles, avez-vous des informations ?
Aghilas HACHED — Les concours auront lieu du 20 juin au 7 août. La plupart des banques d’écoles (centrale Supelec, Mines Ponts, CCINP) ont annoncé l’annulation des épreuves orales sauf Polytechnique.
SOS Éducation — Quelques conseils à donner aux étudiants dans ce contexte particulier ?
Aghilas HACHED — De penser aussi à leur santé et à celle de leurs proches car dans le contexte actuel cela reste le plus important. Ensuite, de continuer à travailler même si le contexte n’est pas facile.
SOS Éducation — Pour conclure, si vous aviez un message à faire passer aux jeunes qui préparent leur orientation professionnelle, lequel serait-il ?
Aghilas HACHED — De s’accrocher et de croire en ce qu’ils veulent faire. D’essayer d’acquérir des compétences qui leur serviront tout au long de leur carrière professionnelle.