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Enfants transgenres : la CAF fait machine arrière après une tribune dans Le Figaro

Accusée de relayer les présupposés de la théorie du genre, la Caisse d'allocations familiales a discrètement modifié une fiche conseil qui faisait polémique.

Après avoir été interpellée par de nombreux intellectuels et professionnels de santé, la Caisse d'allocations familiales (CAF) a finalement changé (discrètement) son fusil d'épaule, sur la question des enfants transgenre.

Dans un texte publié le 25 janvier dernier sur son site Internet, l'organisme chargé du versement des prestations sociales aux ménages entend prodiguer des conseils aux parents pour «bien accompagner» un enfant transgenre. Cet article explique que «22 % des Français entre 18 et 30 ans ne se sentiraient ni homme ni femme» (citant une enquête de l'IFOP pour le journal Marianne) et décrit ce phénomène comme une «dysphorie de genre», qu'il convient de «dédramatiser» avant de «s'informer» davantage sur le sujet.

Ce texte a rapidement déclenché une polémique. Dans une tribune publiée dans l'édition du Figaro du 17 février, 80 professionnels de santé, intellectuels et universitaires, parmi lesquels Élisabeth Badinter, Jean-François Braunstein, Caroline Eliacheff ou encore Céline Masson, ont accusé la CAF de «relayer les présupposés de la théorie du genre». Les signataires de la tribune demandaient au ministre de la Santé, François Braun, qui a la tutelle de la CAF, de «faire retirer sans délai cette page de désinformation» à cause de ses «lacunes» et de sa «partialité». De son côté, l'association Juristes pour l'enfance a adressé à la CAF deux courriers recommandés pour demander le retrait de l'article.

Le site de la CAF a été discrètement modifié

Dans le détail, les signataires regrettent que la CAF n'ait pas pris en compte l'avis d'une large partie du corps médical au sujet des enfants transgenre. «Les seules paroles exposées sont celles de deux militantes des droits des personnes transgenres : jamais il n'est fait référence à de véritables spécialistes de l'enfance et de l'adolescence, psychologues, médecins ou biologistes», déplorent les signataires.

Le ministère est-il directement intervenu auprès de la CAF pour faire droit à la demande des signataires ? Aucune annonce n'a en tout cas été faite en ce sens, et ni François Braun ni la Caisse d'allocations familiales n'ont communiqué à ce sujet. Reste que la page a été modifiée, et que deux ajouts significatifs ont été apportés au texte. Le premier, et le plus fondamental, consiste à rappeler les conséquences importantes, sinon irréversibles, d'une transition de genre, et à proposer en premier lieu un accompagnement psychologique : «À souligner que les changements médicaux ne sont bien entendu pas à prendre à la légère avec des impacts potentiellement lourds au-delà des changements sur l'appareil génital externe», mentionne désormais l'article en ligne sur le site de la CAF. Cette mention est suivie notamment d'un renvoi à l'avis rendu le 25 février 2022 par l'Académie nationale de médecine, qui invite à la plus grande prudence sur le sujet.

En outre, l'article fait désormais mention d'une démarche lancée par le ministre auprès de la Haute Autorité de Santé, afin d'aboutir à des recommandations. Une démarche qui vise à «apporter une information complète [aux] lecteurs», explique-t-on pudiquement à la CAF, qui rappelle auprès du Figaro son souhait de «traiter tous les thèmes ayant trait à la vie des familles dans leur diversité, en donnant notamment la parole à des acteurs institutionnels et associatifs identifiés pour leur implication sur un sujet».

«Ce changement est une victoire, ou au moins une avancée», se réjouit l'universitaire Claude Habib, l'une des signataires de la tribune parue dans Le Figaro, qui estime que ce texte a donc rempli ses objectifs, en empêchant la seule expression d'une parole militante sur la question des enfants transgenre.

Plainte devant l'Ordre des médecins

Plusieurs des médecins signataires de cette tribune ont en revanche eu la désagréable surprise de recevoir une convocation émise par les conseils départementaux de l'Ordre des médecins. Ceux-ci ont en effet été saisis d'une plainte déposée par l'association OUTrans, un collectif qui milite pour les droits des personnes trans (et dont la coprésidente est largement citée par l'article de la CAF). «À ce jour, huit des dix-neuf médecins signataires de la tribune dans Le Figaro ont été convoqués début avril par leur conseil départemental de l'Ordre des médecins», détaille leur avocate, Me Delphine Meillet. Les autres médecins s'attendent à leur tour à recevoir une convocation similaire.

La plainte déposée par OUTrans accuse notamment ces médecins signataires de «désinformation médicale» et de «charlatanisme». Le détail de la plainte, consultée par Le Figaro, fait notamment valoir que, «s'agissant de l'approche affirmative de genre, il est faux et grave de dire qu'elle ne repose sur aucun fondement scientifique», au motif selon OUTrans qu'une «association mondiale des professionnels de la santé transgenre» ont émis des recommandations de bonnes pratiques, qui font «consensus»... au sein seulement de l'ONG.

«On croit rêver, commente de son côté la pédopsychiatre Caroline Eliacheff, signataire également de la tribune du Figaro, quand on voit certains éminents confrères comme le Pr Didier Sicard, ancien président du comité d'éthique, accusé de charlatanisme !» En vertu du Code de Santé publique, les conseils départementaux de l'Ordre des médecins saisis par une plainte ont l'obligation d'organiser une confrontation contradictoire avec chacune des parties. L'Ordre des médecins n'a pas souhaité faire de commentaires.


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133 commentaires
  • MacronDemission

    le

    Faites des articles sur le planning familial et les sociétés affiliées à SOS Méditerranée qui interviennent dans les classes pour faire du lobby pro migrant.

  • NORDMAN

    le

    Incroyable !
    Le collectif qui soutient la dysphorie de genre dépose plainte contre les tenants de la connaissance et de la science.
    Y aura-t-il des médecins dignes de ce nom et en nombre suffisant pour soigner notre société qui sombre dans des modes et lubies proches de la maladie mentale.
    Nous vivons une époque formidable !

  • Anonyme

    le

    Elle est bien bonne celle là. Les trans qui nient la différence entre homme et femme traitent les médecins d'ignorants et de charlatans? C'est le monde à l'envers!

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